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Mais où se posaient les hirondelles avant l'invention du téléphone?

Mais où se posaient les hirondelles avant l'invention du téléphone?
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9 mai 2020

La vie au ralenti.

 

 

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Tu t'étais déjà demandé toi ce qui aurait changé dans ta vie si on t'avait un jour forcé à rester enfermé chez toi ? 

Moi ? Jamais !

Par contre depuis exactement je ne sais même plus combien de jours, je me demande justement ce que ça change ...

En vrai ?

J'aime être chez moi ! Et ça change pas beaucoup beaucoup mais quand même... Je vais essayer de développer un peu. 

J'aime la solitude, être au calme pour penser, lire, travailler, cuisiner, écouter Bach ou juste rêver en regardant pousser mes fleurs.

J'aime que les abeilles m'ennivrent de leur valse folle, des millions de bruits d'ailes dans le vent les élèvent au rang des plus belles du moment. 

J'aime ne pas avoir à me presser, à courir, à aller travailler, puis rentrer faire des courses, des repas, envisager le WE, ciné-resto ? Balade en montagne pour profiter de ces 2 jours grassement mérités. 

Mais à la fin du WE ? Quoi ? T'es contente la Fée ? Oui et non, j'ai fait des choses que je voulais faire, mais je n'ai pas eu le temps d'appeler les copines, pas eu le temps de faire les vitres que je voulais déjà faire depuis au moins 5 WE, pas eu le temps d'écrire 3 mots sur cette lettre que je me suis promis de lui envoyer depuis le 1er janvier, pas eu le temps ...

Alors quoi ? Bien sur, on a tous besoin de travailler, pour plein de raisons, la 1ere est économique. Il y a longtemps que j'ai fini de rêver d'un monde sans travail mais avec ressources hein. Oui je pense aujourd'hui que c'est vraiment la 1ere raison qui fait que je travaille depuis que j'ai 18 ans. (Tiens ça fait donc exactement 34 ans aujourd'hui que je travaille ! wahou ! même moi ça me fait bizarre d'écrire ça aujourd'hui, quand tout dans ma vie s'est soudainement ralenti ...)

La deuxième raison est personnelle, tant il est vrai que j'ai toujours aimé ce que j'ai fait, pas un de mes nombreux jobs ne m'a ennuyée. J'ai toujours trouvé une sérénité dans l'action de travailler. Une sérénité oui, parce que j'avais l'impression que c'était de là que je pouvais tenir mon équilibre. Cet équilibre qui semble parfois fragile. Aller travailler quand on est mal dans sa tête par exemple, c'est violent, il faut se pousser dans le décollage de la journée, ça peut être troublant en plein milileu d'une réunion à laquelle on n'est présent que physiquement, déroutant quand on vient en aide à quelqu'un qui semble encore plus mal en point et qui finalment à sa façon nous aura aussi sauvé. C'est ça pour moi le point d'équilibre. Etre utile, être vivant, être secoué, être curieux et avancer sur le fil de la journée dans cet état. Un jour après l'autre on va mieux, le travail nous aide à aller mieux, à être dans la vie. C'est cette raison que je pensais la plus importante jusqu'à maintenant. 

Je dis jusqu'à maintenant par ce que j'ai découvert avec une émotion essentielle qu'en me retrouvant confinée chez moi, je n'avais pas tant besoin que ça de faire "groupe", d'aller dans un lieu précis pour faire "groupe". Au contraire, je me demande aujourd'hui comment je vais gèrer ce retour au groupe, à l'open space, aux êtres si différents avec qui il faut faire 35 h/semaine ...

Les premiers jours, j'avais comme une colère en moi, je l'ai analysé en comprenant que je ne trouvais pas le sens de mon travail sur un ordinateur du matin au soir. Et aussi parce que j'avais peur des 14 jours à venir (ceux du temps de l'incubation) peur de refaire une crise de tétanie, revivre le traumatisme le plus violent de mon existence à généré des angoisses folles (cette crise il y a 5 ans maintenant, liée au rattage de l'opération de la thyroïde, a modifié mon organisme pour le transformer en corps malade chronique, porteuse d'une maladie rire, dite OSCAR -fallait le vouloir- carencée en calcium à vie, avec mise en danger de certains organes vitaux, bref). Quand j'ai pu enfin apaiser cette âme inquiète, j'ai senti mon corps se détendre aussi et enfin trouver le sens à apporter à mes actions professionnelles. Tout a été question d'enchainements. Tout le temps. 

 

via GIPHY

 

Alors j'ai enchainé mon job en télétravail et des tâches devenues non prioritaires au fil des années,  mes lectures à la traine depuis trop longtemps, le concerts en live, les documentaires qui font voyager depuis le canapé, les apéros avec les proches et les copines, le truc qu'on a jamais le temps de faire en temps normal ! J'ai enchainé avec le tri des boites mails et ça en terme de geste écolo, ça m'a rendue super fière de moi ! C'est con hein, c'est le truc que je fais à la va-vite chaque fois que je suis en congé mais rarement aussi serieusement. J'ai enchainé le tri dans chauqe placard de l'appartement, dans chaque pièce, rien n'a été épargné, avec l'aide de mes 2 gars aussi. J'ai enchainé les épisodes de Dr House depuis le début jusqu'à la fin avec mes nains plus du tout nains et plutôt barbus.

J'ai aussi pas mal enchainé les temps de repos sur le balcon à juste profiter de l'instant présent, sans question, sans horaire, sans remarque et ça ... ça tu vois ça n'a pas de prix je trouve ! Je suis pleine de gratitude envers ce temps qui nous a été violement imposé mais que j'ai adopté en 2 semaines, sans gros efforts. Je suis peline de gratitude par ce que je sais ma chance, après des années de si grande précarité matérielle et affective, je me sais aujourd'hui sereine, materiellement et affectivement et ça change tout. 

Si nous avions du vivre ces 2 mois il y a 10 ou 12 ans otu aurait été bien plsu dramatique. C'est peut être pour ça aussi que je me sens apaisée face à ce confinement et si bien enfermée chez moi ! 

Mes seules frustrations viennent du fait que je n'ai pas pu marcher en forêt ou en montagne depuis 2 mois, que je n'ai pas vu ma petite famille et que peut être je ne pourrais pas aller voir les copines en fin d'été, mais il faut le reconnaitre, ce sont de piètres frustrations en regard de ces enfants qui vivent le maltraitance, à ces conjointes ou conjoints qui se font violenter en silence, à ces familles sans abris ni revenus, à ces humains en pleine fuite de leur propre pays pour des raisons qui ont tout du virus mais qui sévissent depuis tant d'années ...

Je crois que je suis toujours une humaniste au fond de moi, mais une humaniste de plus en plus méfiante. Les comportements humains m'effraient de plus en plus, mais je sais aujourd'hui que je ne peux rien y faire, que je peux faire à mon tout petit niveau mais que jamais je ne changerais rien au monde des hommes tel qu'il est et c'est terrifiant. Un jour je finirai isolée dans une cabane dans les arbres loin de tout ...  

En attendant ce jour,  crois bien que je suis aujourd'hui prête pour la retraite ! 

Musicalement j'ai écouté pas mal Bach, ces dernières semaines, mais aussi pas mal de bluegrass, je te laisse là avec une balade en guitare sur les bords du Mississipi, en un autre temps, une autre problématique ...

 

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5 mars 2017

T'as vu ? Je suis re-re là !

De retour d'un beau week end parisien comme je les aime, j'ai encore la tête qui flotte entre les odeurs des roses à l'Institut du monde arabe (faut se dépecher un peu je crois que la fin est prévue pour le 25 septembre).

Une belle traversée de l'Orient toujours au fil de l'eau. Cette eau qui nous façonne, nous voit arriver et quitter ce monde. Quand on sort de cette expo, on se demande pourquoi nous ne sommes pas plus protecteur avec notre bien si commun, l'eau ... 

Je me suis laissée porter par le bruit de l'eau qui coule, le souffle du vent et le chant des oiseaux en pleine journée parisienne, c'est bon !

Et puis ces yeux, enfin en face de moi, depuis si longtemps rêvés, espérés, attendus.

Le temps passe et se lasse, de nos distances, de nos silences.

Contents de se croiser, timides, légèrement indifférents, that's all folks les gens !

[et encore du temps qui a filé entre le brouillon de septembre et ce jour de mars 2017 où je repasse ici ...]

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Du temps qui a filé et le souvenir de ses yeux là, presque disparu, comme le son de sa voix ...

L'avantage de vieillir en traversant des zones de turbulences, c'est qu'on apprend à laisser en route des émotions, des envies, des besoins, des amours. On apprend à vivre avec soi-même, à cultiver son propre état de grâce. A savoir qui on est et ce qu'on attend de soi, sans attendre des autres.

Cet amour-là, je l'ai toujours considèré comme une romance (je l'appelais "ma non-histoire" quand il m'arrivait d'en parler). Comme une de ces histoires que l'on croise dans les livres d'Annie Ernaux, celles où l'abnégation et la patience sont le fer de lance de la prose. Et en même temps, c'est comme un moteur, ça permet de tenir le cap dans les épreuves. Comme une petite branche au-dessus de la tête à laquelle on s'accroche vaille que vaille ...

Et puis, un jour, on regarde la branche avec un sourire et on la laisse tanguer au-dessus de la tête, sans plus chercher à l'attraper. C'est ainsi. Pourquoi à un moment précis, après toutes ces années ? Pourquoi si facilement ? A quoi ça tient tout ça ?

Qu'importe. L'essentiel c'est ce que cette non-histoire a eu de beau, de partagé, de capital et d'essentiel avant de rendre son dernier souffle, presque 10 ans après. Les pourquoi(s), parfois, il faut juste les laisser où ils sont, sans réponses. L'immediateté des raisonnements a cessé aussi de me convaincre. J'aime aujourd'hui ne plus tout comprendre, ne plus tout savoir. C'est comme si j'avais appris à vivre une autre vie, dans une autre peau, avec d'autres envies.

Est-ce que l'approche de la cinquantaine nous apaise vraiment ? En tous les cas ma grand-mère chérie me disait bien qu'il fallait profiter de sa jeunesse pour avoir des convictions, des engagements, de la passion, parce qu'en vieillissant on devient plus sage et plus apaisé, moins aveuglé aussi.

On dirait bien qu'il y avait du vrai dans son propos.

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Allez pour un dimanche matin, c'est pas si mal, je vais aller préparer le diner comme on dit en Suisse. Parce que même si les nains ne sont plus du tout des nains, ils mangent toujours bien ! A bientôt les hirondelles !

Je vous laisse en musique, ne changeons pas la ligne éditoriale de ce muret ...

 

Boots Of Spanish Leather (Bob Dylan) - The Lumineers

24 août 2016

Et si on envisageait un retour ?

 

 

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Et si je tentais un furtif retour, comme ça, juste pour voir si je sais encore aligner 3 phrases ?

Et si je me prenais à rêver que revenir à l'écriture me redonnerait un peu de ce temps précieux, que jadis j'employais ici à conter l'existence ?

Mais d'abord, comment on revient là après 4 ans d'absence, 4 ans d'une vie à la fois différente et finalement tellement la même ? De quoi on parle ? Comment est-ce qu'on trouve encore du sens dans les choses qu'on veut poser là ?

Je ne sais pas, mais j'ai quand même envie d'essayer ça !

Et puis il y a un signe qui ne trompe pas : le mot de passe ! 

Oui oui premier essai, essai transformé, direct, j'arrive sur la bonne page ! C'est un signe non ? 

Allez on va tenter, tenter de retrouver la ligne éditoriale de ce blog, des images, des musiques, des tranches de vies. Ca durera le temps que ça durera mais au moins j'ai remis un pied sur le muret et je vous jure que ça fait un drôle d'effet !

Salut les hirondelles (ou enfin, ce qu'il en reste !)

Forest Pooky - I have been Kidnapped By Aliens and They Cut my Hair

10 juin 2012

Alors c'est ainsi que va la vie ?

Il est parti. Papa.

Il s'en est allé il y a 3 semaines déjà et la vie s'étire bizarrement depuis ce jour.

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En alternant grandes vagues de larmes et petites ondes de choc, le train-train reprend ses rails. Penser à protèger le dos fragile, penser à laisser ce grand faire de son orientation à venir le choix de sa vie, il veut faire du social, quelle surprise !

Et si j'avais été une autre, crois-tu qu'il veuille être banquier ?

Quoiqu'il en soit j'ai vu le sourire sur ce visage quand j'ai dit ok, lâche la seconde classique, pars trouver vers un autre enseignement ce que tu cherches mon fils, mon amour.

Pourquoi Papa n'a-t-il pas pu nous dire de tels mots, nous ses petits, malheureux ?

Pourquoi aime-t-on si fort un père qui nous fait passer après tout le reste de ses occupations, sinon en se disant qu'à la dernière minute il nous lâchera un de ces "je t'aime ma fille" ou "je t'aime mon fils" qui font tenir debouts les êtres humains ?

On parle beaucoup avec mon frère de ces émotions qui nous ont taraudés toute la vie jusqu'à ce 21 mai dernier. On parle beaucoup et on se dit des belles choses que nos parents ne nous avaient pourtant pas enseignées.

On a fait quelques allers et retours vers lui ces derniers mois, mine de rien, ne pas dire qu'on venait plus pour souffrir moins, pour profiter de lui encore une dernière fois. Faire le tour des vignes avec sa descendance, parler sport ou politique, ne pas s'afficher gauchiste même si au fond il avait bien compris ces dernières années que sa fille avait lâché cette ligne là aussi. Se retenir de lui rendre le paquet de clopes abandonné il y a 14 mois à l'annonce du cancer en lui disant que de toutes les façons, ça ne changerait plus rien ... Au contraire, le féliciter encore pour cet arrêt brutal du tabac, l'encourager à retourner subir cette putain de chimio de merde qui aura définitivement tout détruit de lui !

Aujourd'hui je sais que si on doit m'annoncer un cancer déjà bien installé, je refuserai cette chimie, et je l'écris ici pour m'en souvenir, comme j'ai pu écrire il y a 4 ans que je voulais m'arrêter de fumer !

Combien de guérisons réelles pour tous ces départs douloureux dans la souffrance physique et morale de celui qui s'éteint mais aussi de ceux qui tiennent fort sa main, impuissants et tristes ? Combien ?

Ne me parlez plus jamais de ce poison maudit, plus jamais !

Il a eu mal, il est devenu triste et malheureux parce qu'il avait mal mais qu'il croyait à la guérison, il n'a jamais perdu la tête, sauf à la fin quelques soirs où la colère l'emportait, il voulait rentrer dans sa maison, il m'engueulait pour que je l'emmène, mais c'était bien sûr impossible. Enfin, aujourd'hui, je me demande si ça n'aurait pas apaisé son chagrin de le faire rentrer pour les dernières heures, avant le coma, je ne sais pas et je ne saurai jamais, alors je vais essayer de ne plus jamais penser à ça, mais tu me connais, ça va être de la haute voltige dans ma tête de piaf.

Quand je l'ai quitté le dimanche après avoir passé 3 jours à lui dire tout bas mon amour mais aussi toute la peine qu'il m'a fait si souvent en refusant de me tendre la main, je lui ai dit tout ce qui faisait le sel de notre vie de famille éclatée, éclaboussée, reconstruite, bancale et si fragile aujourd'hui. Je lui ai dit tout ce que je n'avais jamais eu le droit de lui dire avant, dans l'intimité de cette chambre blanche avec vue sur un petit lac.

D'ailleurs c'est marrant, on dit toujours "un départ, une arrivée" et bien là pendant une semaine, sous sa fenêtre, depuis son fauteuil, il voyait une maman cygne couver ses petits, et un papa cygne mordre tout ce qui tentait d'approcher. Quand je suis partie le dimanche soir pour sauter dans mon train, la maman a enfin changé de place et 3 petits machins grisâtres se sont ébroués ... Je suis partie, triste mais souriante et je lui ai dit "à tout à l'heure", la phrase que mon frère avait mise en place lors de ses nombreux voyages, quand nous ne savions jamais si nous allions le revoir, il détestait les adieux et nous avions pour ordre de se dire " Ad't'à l'heure !".

J'ai quitté la chambre en lui disant "A d't'à l'heure" mais en disant à ma belle-mère que j'étais sûre qu'il attendait mon frère.

Le lendemain matin, mon frère m'a appelée en me disant que finalement il montait le voir. Il l'avait vu une semaine auparavant et ils avaient passé de jolis moments alors on tentait de protèger son fils des images un peu pourries de la fin pas bien jolie, malgré tout il a choisi de monter, en dernière minute, comme ça, le lundi matin. Quand il m'a dit ça, je lui ai dit que j'étais certaine que papa l'attendait, qu'il n'attendait plus que lui ...

Il l'a embrassé, lui a pris la main et lui a juste dit "ça va papa, tu peux y aller maintenant", il était à peine rentré à la maison que l'hôpital annonçait la nouvelle ...

Comment déjà, ma phrase fétiche ? "Pas de hasard, que des rendez-vous" ? Oui voilà, une fois encore !

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(sans doute la dernière fois que j'ai valsé avec lui)

Alors oui je m'attache à des signes, mais oui putain j'en ai tellement besoin ! J'étais si sûre qu'il attendait cette dernière visite pour lâcher prise.

Je ne vais pas fort, mais je vais bien quand même, c'est étonnant. On déménage pour le centre de la ville toute étouffante et toute polluée que j'ai mis tant d'années à aimer mais vers laquelle j'ai tant envie d'aller aujourd'hui, on déménage dans 3 semaines pour le centre de Grenoble, le début de la vraie liberté pour chacun de nous 3, le début de ma nouvelle vie de femme aussi j'en suis sûre. J'ai vécu en 6 mois l'abandon de 2 hommes que j'aimais, l'un par sa mort, l'autre par son silence révélateur, alors tu ne crois quand même pas que je ne vais pas me lâcher sur la vie dans les mois à venir non ?!

A moi la vie de citadine !

Je vais aller encartonner et ensuite voter, à gauche bien entendu !

 

 Je te laisse avec la musique de son dernier voyage, choisie par son fils ... il s'appelait Jean-Pierre et il avait 66 ans, c'était mon drôle de père pas toujours attentif, mais c'était mon père et je l'aimais fort bordel de merde !

 

2 avril 2012

"La vie est un sport individuel"

Tu connais mes théories à la con qui me font dire à la mode Eluard, qu'il n'y a pas de hasard mais que des rendez-vous ?

Oui, bien sûr depuis le temps.

He bien là tu vois, les rendez-vous que j'ai pris soin de manquer constamment ont fini par plomber mon dos d'une douleur monotone que je trouve un tantinet longue à dégager ! Mais comme "la vie est un sport individuel "(lu dans le dernier Jean-Paul Dubois -j'adore-), j'ai du louper aussi quelques heures d'entrainement et mal retomber la dernière fois parce que dis donc, elle est chère la note !

Tellement douloureux depuis 2 mois, qu'à part un voyage en urgence vers ma Bourgogne natale et un voyage à Paris prévu depuis des mois, je ne fais plus rien, je ne vais même plus travailler. Ha si, j'ai visité les urgences de Grenoble par un dimanche matin de grand froid, et franchement mes voisins de brancards avinés et sanguinolents m'ont convaincue de ne vraiment plus rien faire, pendant un temps, au moins.

Oui je sais, j'aurais pu reprendre ce blog bien plus tôt, sauf que pour raconter que aîe, putain que ça fait mal, j'avais juste pas envie.

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Deverser ma colère contre cette pute de maladie qui transforme un jeune papa en veil homme triste et condamné, pas envie non plus.

Pleurer ma douleur de voir celui que j'aime en secret depuis bien longtemps, m'ignorer si facilement parce que l'appel de la jeunesse lui va mieux qu'une quadra solo souffrante ? Pas envie non plus.

Alors pourquoi aujourd'hui je reviens là ?

Parce qu'aujourd'hui j'ai un corps difficile et cassé que je tente d'oublier plusieurs heures par jour, un coeur en sursis d'amour, d'amour paternel qui s'en va au gré des seringues dans son bras, d'amour de l'homme qui ignore et qui m'a laissée un peu égarée un jour sur le bord d'un trottoir du canal St Martin. Parce que je ne peux pluss faire mon jardin oxygène, que je ne monterais sans doute plus sur une moto et que du coup mes sources de ressources s'étiolent.

L'écriture a souvent été mon amie autant que mon ennemie, elle m'a permis de dire des choses que j'ai parfois regretté, mais bien d'autres que j'ai aimé raconter et surtout elle m'a souvent ouvert la porte du bol d'air.

Alors pour tout ça je suis là aujourd'hui.

Au milieu de tout mon chaos émotionnel, je fais ma veille documentaire pré-électorale et j'ai peur pour la suite du dos du monde. T'as pas l'impression qu'il a le dos qui flanche Mr le Monde ? Moi, si !

Mais alors comment se fait-il qu'au milieu des larmes de douleurs physiques ou morales, j'arrive encore à voler en grand éclat de rire ? En espoir surfait de voir ce monde aller mieux et nos vies éclater de joie soudaine ?

Tu crois toi, que la nature profondément optimiste dont mes parents m'ont fait cadeau au point de départ me suivra jusqu'au point d'arrivée ?

Moi je crois, oui !

Voir le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide m'a toujours paru naturel, même dans les pires moments. Se dire que demain ne peut qu'être plus doux même après avoir hurlé l'inverse et même si ça n'empêche pas les coups de blues, c'est comme une religion. Je sais pleurer, je sais rire, je sais me plaindre, je sais écouter mais je sais par dessus tout qu'il faut pouvoir accepter tous les coups de la vie pour s'en faire une alliée. Ne pas lui résister au risque d'empirer les événements. Les prendre de plein fouet, pour les faire glisser le long d'une colonne épuisée, et les sentir, glisser ... Et du coup découvrir avec plaisir, tous les trucs à domicile, les courses, l'esthéticienne, les soins, etc ... C'est con hein, mais parfois, s'attacher au tout juste basique insctinct de survie c'est reposant.

Moi je crois juste que sans cette nature profondément optimiste dont mes parents m'ont fait cadeau au point de départ, je n'approcherais pas des 44 printemps avec l'idée que la prochaine moitié sera la plus douce.

Je lis ça et là, des états d'âme de quadras, qui de sa peau flasque, qui de son capiton relou, qui de sa lèvre botoxée-ratée, et je ne me reconnais pas dans ma génération, pourtant je ne suis pas non plus de celles qui vont dire que la quarantaine c'est le plus bel âge parce que ça, c'est juste n'importe quoi, ça sert uniquement à servir des revues de filles qui ont besoin d'être rassurées, ou alors ça parle de filles bien loties, bien épaulées, qui n'ont pas à se flinguer le dos en faisant le ménage, mais en vrai, on vous ment les copines, on vous ment, la quarantaine c'est tout moisi, mais faut vivre avec et au mieux, pas aller contre, surtout pas !

Alors ça doit être pour ça que ma co-loc a 28 ans et la joie de vivre en bandoulière. Tu me crois si je te dis qu'on est nées le même jour à 15 ans d'intervalle ? Que du coup je vois bien, dans le petit bout de ma lorgnette, comment je rebondissais sur la vie il y a 15 ans en arrière et comment tout cela a bien changé.

 

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Quand je les regarde faire depuis la fenêtre de ma maison-geôle, je les envie, j'envie le fait de pouvoir avoir mal aux muscles dans quelques heures, de pouvoir gratter ce globe en mal d'amour lui aussi (à moins que tout ceci ne soit que projections fortuites ?).
J'envie le chevauchement de la moto qui va suivre, les heures légères à respirer l'air sous la visière ... Nostalgie.

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Et moi aussi j'ai ce brin de nostalgie dont tu parles Oh! et ta définition me plait. "La nostalgie est douce, aigre, souvent utile parce que riche de sens. Mais elle n'est pas une ligne de conduite."

Non je n'en ferai pas non plus une ligne de conduite, mais j'aime qu'elle me rappelle des moments heureux.

Tout comme parler de mon enfance ou de mon adolescence avec mes garçons, leur raconter avec hônneteté les heures joyeuses autant que les autres, auprès de mon père. Profiter qu'il soit toujours là et encore inconscient de la gravité de la maladie que le tabac à généré chez lui ...

Je n'ai jamais autant parlé de lui à la maison, sans doute par réflexe, par instinct de protection des bons souvenirs. Il restera de nombreuses années pour penser encore les autres. Pour le moment, place aux heures gagnées, place au temps qui reste précieux puisque compté.

Je vais tenter de réparer au plus vite ce dos trop chargé en allant me faire soigner, bichonner, masser, perfuser, avant de pouvoir reprendre la route pour aller le voir, le câliner un peu, lui parler encore et encore.

Ensuite je rentrerai, retrouver mon job-passion qui se transforme en job tout court avec le départ de ma binôme de choc vers une biblicoquète qui lui offrira plus de possibilités d'évoluer que la nôtre, hélas. Je vais devoir apprendre à faire avec une nouvelle tête, après presque 6 ans d'une collaboration hors paire avec ma copine et j'ai pas envie de voir celle qui va la remplacer sur le siège à côté, mais alors pas envie !

Tu te demandais encore pourquoi mon dos avait lâché ?

Je suis sûre que maintenant tu sais.

On reparlera peut être de papa, sûrement même, quand je serai à l'hosto, j'aurai sans doute le temps de raconter un peu l'homme qui a tenté de façonner nos vie à son idée et qui avait presque réussi jusqu'à ce que sa fille décide d'avoir ses propres incompréhensions, son propre parcours ...

Allez hop, baume au coeur, écoute moi ça :

 

 

 

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29 octobre 2011

Un samedi soir sur terre.

 

"On écrit pour être aimé, on est lu sans pouvoir l'être ; c'est sans doute cette distance qui constitue l'écrivain"

Roland Barthes avait décidé que pour lui la littérature serait "esquive" ...

**********

 

T'as vu comme j'esquive bien ? Ben voilà, c'est ça être écrivain !

Sinon, je me disais que j'allais finir par faire de cet endroit mon post-it géant. Le big tableau où je pourrais laisser tous les trucs que je ne veux pas oublier, que je veux partager, archiver, imiter, oublier aussi ...

Tu veux savoir comment ça va dans ma tête de piaf ?

ça va, ça va.

Queuté un concours.

Entrée en période vapeur-vapeur et c'est super chiant si tu veux tout savoir.

Trouvé moyen d'oublier d'acheter la place du concert que je dois voir dans bientôt avec le couz'.

Découvert ce soir par hasard (mais il n'y a pourtant pas de hasard, alors ?) que Marlon Roudette (ex Mattafix, s'embarquait en solo, et j'aime vachement bien en vrai.)

 

 

Coupé les cheveux, courts, courts, courts façon Jeanne D'arc et c'est juste génial ! Tiens regarde, je suis allée chez le coiffeur avec cette image. Et je suis revenue avec cette "presque" tête là (je crois qu'elle est un tout petit peu plus vieille que moi, la fille de la photo) :

 Se met à aimer soudainement la crème de marrons, et ça, ben c'ets juste n'importe quoi.

A des grosses envies de rouler, mais n'a toujours pas de moto.

A découvert cet endroit de folie lors de sa dernière formation et a compris qu'avec la seule volonté d'un homme, la politique de la ville pouvait juste tout changer (en tous les cas beaucoup de choses!)

 

 La médiathèque de Vénissieux représente ce qu'on pouvait imaginer de plus intelligent en matière de culture pour tous, à mon avis. La culture au coin de la rue, au coeur de la cité, comme sortie de terre pour mieux ouvrir ses portes au nord comme au sud !

La volonté d'un homme (et de toute une équipe, forcément) de faire des Minguettes (te souviens-tu toi qui es loin d'ici, de cette année 1981 qui a initié la "marche des beurs" ?) un lieu où les générations se retrouvent autour de la culture, moi j'ai trouvé ça énorme en 2011 !

Voir des femmes entre 50 et 70 ans venir à la big médiathèque pour participer à des ateliers d'alphabétisation sur ordinateur (c'est à priori le seul endroit en France où cela se pratique) alors même que dans leur pays d'origine elles n'avaient pas été scolarisées, je me dit qu'on touche là, le coeur des choses auxquelles je crois : L'instruction, l'accès à la culture, à l'information comme moyen de s'émanciper, de s'informer, de savoir, et du coup de dire et d'exprimer, ben voilà, on y est hein ! Devenir un citoyen c'est simplement ça, se voir octroyer le droit de s'informer et d'apprendre pour mieux se défendre !

Alors oui, je trouve que c'est une double victoire, celle de l'instruction de TOUS mais aussi et du coup, celle de l'insertion sociale qui permet à ces femmes trop souvent cloîtrées dans leurs tours de sortir et de se retrouver là où les maris lisent le journal, où les petits suivent la lecture-mise-en-scène d'un album, où les jeunes tchatent sur facebook ou visionnent des vidéos sur youtube, où les étudiants ont aussi leur espace de travail, bref, mission accomplie il y a 10 ans déjà et belle réussite je trouve.

Comme quoi la politique peut aussi génèrer des jolis projets même si c'est malheureusement beaucoup plus rare.

Et je voulais aussi noter pour m'en souvenir mais aussi pour partager, cette phrase de notre formateur Mamadou, qui nous expliquait leur technique pour désamorcer un litige (perte ou dégradation d'un ouvrage), noter le litige dans un coin, y revenir une prochaine fois avec l'usager et en dehors du public, pour éviter toute "crise-passion"!

(enfin ça s'est ce qui s'est inscrit dans mon cerveau, en fait il parlait de crispation)

J'ai trouvé ça bien joli.

 Et puis cesse de râler que je n'écris pas assez, parce que je te ferais dire que j'en fais un par mois de billet, en ce moment alors hein ... J'vais pas y aller trop fort non plus, je ne voudrais pas abimer ma pédalette !

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 Bonne nuit les petits ...

19 septembre 2011

Il m'élève.

En parlant avec mon grand il y a quelques jours, j'ai réalisé qu'il était parfois plus mature que moi.

Il y a d'abord eu ce moment de clash avec son frère, beaucoup plus foufou, qui oublie tout, est souvent maladroit, dans les nuages, ou avec les potes, et que je grondais un soir parcequ'il avait ENCORE oublié d'aller rendre un papier à la vie scolaire. Celui-ci qui est un clown, quand il voit que je monte le ton, il se transforme en Simon's cat pour me faire rire et ça marche 12 fois sur 10, y compris cette fois-là. Sauf que là, dés qu'il a eu le dos tournée, son frangin m'a fait la morale ! Oui, oui, la morale.

"M'man mais si tu crois que ça va rentrer dans sa tête en te marrant, tu te gourres ! Il y a un temps pour être sérieux et un temps pour rire, toi tu rigoles trop !"

Et v'lan. Ca c'était pour la première phase morale du fils à sa reum', est ensuite arrivée la seconde.

Je lui disais que dans mes envies à assouvir un jour, en plus d'aller fouler le désert, je rêvais de retourner à NY et pourquoi pas avec un amoureux pour le côté romantique de l'escapade, que j'avais envie de faire réparer mon argentique pour recommencer à faire des beaux clichés, (d'ailleurs j'en profitais pour lui dire que je me l'étais offert après un été de boulot quand j'avais 16 ans.) mais que par dessus tout, j'aimerais m'offrir un truc pour faire du vrai bon son, que j'en ai marre du son de mes minis-enceintes de pc, de la chaine toute pourrite, etc ...

Il m'écoute, comme toujours et me répond : "He ben dis, ça va toi, les goûts de luxe ?!"

Je n'en suis pas revenue qu'il me dise un truc pareil, parce que franchement, si rêver d'aller dans le désert, avoir une bonne chaîne hi-fi et refaire de vraies belles photos, c'est avoir des goûts de luxe, je me demande bien ce que rêver de possèder une maison ou une montre très chic peut représenter à ses yeux.

Alors oui, on va me dire qu'on les élève comme on aime, qu'ils sont à l'image de la vie qu'on leur propose, bref, qu'on a les enfants qui nous ressemblent. N'empêche, ça fait drôlement réflechir, je trouve.

Moi j'ai peur qu'il confonde "rêve" et "ambition", "envie" et "frustration".

Quand je lui ai demandé si il n'avait pas de rêve du même genre, visiter un pays, s'offrir quelque chose qui lui fait envie, se payer du matos pour écouter sa musique, il m'a dit que non, soit parce qu'il a déjà ce dont il a besoin, soit parce qu'il est trop jeune pour rêver voyage ou autre grosse dépense ...

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                          (t'as vu ? On a même des ailes amovibles at home ? On est disco à paillettes nous, hein !)

Alors, connaissant l'animal, passionné de métissage culturel, de musique ou plutôt de rap, d'histoire, incollable sur une carte du monde, je m'étonne qu'il ne manifeste pas encore ce désir de voyage. Je crois en fait, au fond, tout au fond de moi, que cette vie qu'ils vivent à travers moi, la maman solo, ne les épargne pas, loin de là.

On me dira que c'est très bien, que cela fait d'eux des enfants responsables, qui connaissent la veleur des choses, moi je dis que pas forcément et qu'en plus, à 14 ans on est censé rêver en grand !

S'il ne rêve pas maintenant, quand le fera-t-il ?

Ca me fait peur de penser à lui en format adulte, j'aimerais tellement qu'ils puissent faire de leurs vies ce que je ne suis pas en mesure de leur offrir aujourd'hui.

Oui je sais là encore, ce que certains me diront, que mes nains sont heureux, ne me reprochent rien, ne manquent pas d'amour et l'essentiel est là, mais il n'empêche, je ne suis pas la maman que je rêvais d'être quand j'avais 14 ans, parce que moi, à 14 ans, des rêves, j'en avais plein les poches ... Et je me voyais en maman vraiment différente.

Je rêvais aux garçons qui chevauchaient des mobylettes, je rêvais d'être hôtesse de l'air ou prof de gym, je rêvais baba-cool-yéyé-Ardèche-poterie en écoutant Barclay James Harvest, je rêvais à l'amour toujours avec un grand A mais aussi un Grand M, grand O, grand U, grand R. Je rêvais que j'aurais au moins 3 enfants qu'on vivrait tous heureux en famille, dans une grande maison, qu'on voyagerait tous ensemble, mais jamais je ne rêvais que peut être tout ça serait différent, jamais. Lui, il ne vit pas l'amour comme un truc tragique mais comme un jeu d'ado où souffrir n'est pas dans les règles ; il ne rêve pas demain parce qu'il dit qu'aujourd'hui suffit bien. Que demain on n'en sait rien.

Quand je dis qu'il est plus mature que moi par moment et que c'est l'heure pour moi de reconstruire une vie de femme amoureuse en plus de maman, je crois même que ça va devenir urgent...

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Et pendant ce temps, le monde continue de marcher sur la tête, un certain DSK, à peine rentré au pays après avoir fait l'actu pendant des semaines, nous fait un cours d'économie sur la grande chaine, comme si de rien, c'est magique tout ça.

Et pendant ce temps, le monde se casse allègrement la gueule, on va connaitre la guerre civile dans peu de temps, parait-il ...

Et pendant ce temps, je lis le dernier opus de Pedrosa "Portugal" et je savoure, je me délecte, ce type a un truc, c'est obligé, pour nous faire partager ainsi, ses émotions. D'ailleurs dans le domaine des très bonnes BD à ne pas louper, le dernier Chabouté of course, le dernier Bilal aussi (enfin, l'avant-dernier puisqu'un autre vient juste de sortir) même si ces deux là ne font pas l'unanimité, j'avoue que ma fidèlité souffre parfois d'aveuglement. Tu peux aussi te lover dans "Polina", le dernier Bastien Vives dont je n'avais pas du tout aimé "le goût du chlore" ou alors le très étonnant et non moins passionnant "le chanteur sans nom" qui m'a permis de découvrir l'histoire de ce chanteur qui a réellement existé. La prochaine fois je te parle de mes derniers coups de coeur en littérature blanche ou même grise, et à l'occasion on parlera aussi de littérature blanche ou de littérature grise, qui n'ont, au demeurant, rien à voir avec la couleur de peau de leurs auteurs (j'te f'rais dire).

Et pendant ce temps, je suis toujours habitée par le dernier film que j'ai vu au ciné, il y a 15 jours, qui s'appelle "Un jour" et qui m'a juste laissée le cul par-terre. Du coup, je me lance dans le roman, d'habitude quand j'aime un livre, je n'aime pas trop voir l'adaptation cinématographique, mais pour une fois, je vais la jouer à l'envers.

Un jeune homme, une jeune femme, sur une décennie, des non-dits, de l'amitié-amour qui se tourne autour, de la vie qui prend son temps, des rendez-vous manqués, des réussis, bref, une superbe romance comme je les aime, où on pleure tout ce qu'il nous est permis de pleurer dans une salle de ciné en train de se rallumer et où on termine comme il faut dans sa voiture.

Alors côté décibels, on va se mettre un peu de ça tiens :

Gerard Manset, non, c'est pas tout jeune, mais nous non plus chéri, nous non plus ...

 

20 août 2011

[...]

Aujourd'hui j'ai cassé la voiture.

Enfin, j'ai cassé tout le devant et surtout l'arrière de celle que j'ai encastrée.

C'était une voiture auto-école, on roulait tous tranquillement, je ne l'ai pas vu s'arrêter. Voilà.

C'est la vie, parait-il. (Mon dieu que je déteste cette expression !)

La ville est vide en ce moment, à peu près autant que moi, alors je roule le nez au vent, en observant tout autour, en scrutant tous les signes de vie, des changements de décor, des nouvelles façades, de celles qui m'inspirent pour y vivre (oui j'ai envie de quitter la campagne et ses vaches pour aller respirer le bruit et m'imprègner de la pollution de la ville) (Je sais, en général on fait le chemin inverse, mais moi je fais mon chemin inverse à moi). Bastille en haut, au loin, tout au bout du cours, semble écrasée sous le nuage vaporeux de la chaleur, les vitrines aux rideaux baissés sommeillent encore en fin de matinée, les hommes en terrasse palabrent au ralenti. Comme des restes de vie, posés à l'ombre en attendant la rentrée.

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J'étais donc sur les grands boulevards, je roulais à la cool, me faisant même la réflexion que c'est bien de ne pas être préssée pour une fois, d'être derrière une auto-école, on ne dépasse tellement pas la limitation de vitesse que tous les feux s'en extasient et restent vert. Voilà, je me disais justement ça en regardant une jolie façade d'immeuble et paf, elle a eu un feu rouge l'élève conductrice et quand je l'ai vu j'étais déjà rangée dans le coffre de sa voiture.

Alors donc, j'ai cassé la voiture.

Et puis quoi ?

Rien. On est là, vivant malgré tout, malgré le choc, malgré les conséquences, malgré tout, dans un monde aux abois, où tout va de travers, où on s'accroche aux espoirs de vies heureuses ou à une voiture pas trop cabossée, à ses propres envies ou à celles des autres, mais où on s'accroche tellement qu'on en a souvent le tourni, où il nous arrive même de croire à des choses étonnantes, comme à ce voeu que j'ai formulé en caressant le pied de St Pierre dans une église de St Germain des Prés, accompagnée de mon Oliv'.

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                                            (Jane Evelyne Atwood, Massachussetts, 1983)

Je crois que j'ai envie de dire des choses ici, comme avant quand j'étais une parfaite inconnue sur ce muret, comme avant, quand je prenais toute la place sur la pierre chaude, histoire de me regonfler et de respirer plus facilement, pour redemarrer. Mais avant, j'étais juste une blogueuse parmi les autres, aujourd'hui je connais la plupart des gens qui se sont arrêtés papoter ici, refaire le monde, rire, pleurer, partager mes joies et mes peines, bref, ce n'est plus pareil. Je sais que je n'ai plus la même liberté d'expression, ici.

Le week end dernier, je croisais des blogueurs des premières heures et nous évoquions ce sujet. Oliv' me dit que ça commence à faire long, mai pour un dernier billet ... Oui je sais, pour moi aussi ça commencait à faire long, depuis mai ...

La douleur c'est un truc insidieux dont on a parfois besoin pour se frotter au mur de sa propre réalité.

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[...]

Et puis j'ai vu l'expo de Jane Evelyne Atwood. Je l'avais noté dans mon petit carnet "to do in Paris" puis oublié, dans le même carnet, au milieu de tant d'autres notes.

J'avais les larmes faciles mais je me suis dit que relativiser était souvent utile chez moi, que c'était un moteur même, alors quand Estelle m'a reparlé de cette expo en me disant que ce n'était peut être pas le bon moment, j'ai dit, tant pis, quitte à être secouée autant que ce soit pour des raisons qui sont hors de moi. Elle m'avait prévenue.

Je sais bien que je cours après un idéal de vie sans doute pas fait pour moi, mais je sais aussi que je suis celle-ci, celle qui court après quelque chose justement, celle qui croit, encore, toujours, inlassablement, à l'amour. Alors quand le doute m'envahit, quand je penche vers mon côté sombre plus que de raison et que je sens que ça gronde en dedans, il y a toujours sur ma route un élément qui me détourne de ma propre peine pour m'imprégner de celle des autres. Jane Atwood a eu raison de mes émotions tendues, et je me suis même surprise à bloquer des sanglots dans le fond de ma gorge en serrant fort mes poings dans les poches de mon pantalon, puis à essuyer discrètement des larmes sur mes joues.

Jane Atwood aime l'humain, c'est indéniable dans son travail de maître d'oeuvre photographe. Elle orchestre avec tant de force, les éléments comme la tragèdie de vie de ces enfants aveugles, celle de ces femmes dans les pénitenciers ou encore de ces enfants-femmes-hommes à qui il manque tout ou partie des membres parce qu'ils ont mis les pieds au mauvais endroit, mais à qui il reste le sourire, bordel, le sourire ; les anti-éléments de vie comme les barreaux des prisons, les murs d'un institut pour aveugle ou même cette mine antipersonnel installée dans une vitrine et qui m'a donné la nausée. Elle orchestre avec tant de force ces éléments et ces anti-éléments qu'il arrive un instant dans l'observation de l'image, où l'on oublie le contexte pour ne plus voir que le regard ou l'expression du visage photographié. Toute cette intimité créee par la photographe fait de son travail un véritable étonnement. Les images sont parfois choquantes, mais pas de sensation de voyeurisme ni de grand reportage, non, au contraire, je crois que parfois j'ai eu mal parce que j'ai ressenti le lien crée entre elle et ceux qu'elle a figés sur papier photo. La brisure après le passage qui dénonce autant qu'il montre, le lien encore et toujours, la brisure a du être terrible.

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Alors oui, une fois dehors, tout est sorti par mes yeux, en jets confus et obstinés mais je ne saurais que trop vous conseiller cette expo qui se trouve à la Maison Européenne de la Photographie à Paris ( je viens de lire l'article en mettant le lien, alors vraiment, ceux de vous qui ont l'opportunité, allez-y le 8 septembre à 18h, Jane Atwood, présente et accompagne son expo en personne.)

Et juste en sortant sur le trottoir, il y avait ça, comme pour narguer ...

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Où il était donc discretement question ce soir, de retour au blog pansement, d'intimité, de lien, de souffrance, de partage, d'échange, de rencontre, de tendresse, d'ivresse, de rires aussi, d'égarement, de travail sur soi, de soupe hongroise, de corps à corps, de bento japonais, de douces caresses, de champagne lettré, de cadenas amoureux, de philosophie aussi, de baisers délicieux, de bière au bord d'un canal de larmes et d'encouragement au retour de la plume sur ce muret qui soigne et où finalement, les mots trahissent toujours un peu la même émotion : ma fleur de peau ... Mais pourquoi vouloir être autre chose quand je ne sais être que ça ?

J'ai envie de tenter l'experience et de faire comme si j'étais seule ici, comme avant, comme il y a 5 ans. Alors à toi qui passes et qui peut être me connais, imagine un instant l'inverse, imagine qu'on ne se connait pas, et que tu découvres, prends ces mots couchés sans te demander ce qui ne tourne pas rond chez l'auteure, prends les comme tu veux, en pleine face, de côté bifurqué, en glissé sur l'échine, mais prends les si tu veux, c'est cadeau ...

Et je te demande aussi de te plonger dans son deuxième roman sorti hier en librairie et qui est un petit bijou comme elle (je ferai sans doute un billet, un peu plus tard).

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Regarde pourquoi je l'aime, pour deux ou trois petites choses comme ça :

"Les transitions dans la vie, ça n'existe pas, c'est juste un joli mot pour "perte de temps""

"A cet instant précis, il se dit qu'il suivrait jusqu'au bout du monde, non pas la personne avec qui il aimerait vivre, mais celle auprès de qui ça ne le dérangerait pas de crever."

Voilà, deux ou trois petites choses d'elle que j'aime.

Et puis du Craig Armstrong pour essayer de dormir doux.


                                                  Craig Armstrong - Leaving Paris

 

8 mai 2011

Pour un thé à la mosquée.

C'est doux, si doux sur ma peau tout ça.

Chaque fois que je vois ce regard qui me sourit et je n'ai plus aucune histoire. Ni passé, ni avenir, juste de l'intant tané, tainted love.

Les kilomètres de réflexion parcourus dans l'existence doivent un jour servir aussi à ça, ne plus penser à rien et juste regarder l'intant présent sans plus tenir compte d'aucune leçon, d'aucun apprentissage douloureux. Déconstruire scrupuleusement tout le haut du château de théorie qu'on a mis presque une demie vie à élaborer. On est à nouveau vierge de tout. On n'a peur de rien. On découvre la vie.

Cette sensation de n'avoir jamais rien appris, dure un instant, comme cet instant vide où l'on ne comprend pas le tour de magie qu'on s'était pourtant promis de suivre, très attentif, sans baisser un seul cil.

Un instant de magie qui fait de nous un être humble au cerveau preque mou, mais rassuré et confiant, sûr de la minute qui va suivre.

Celle où des lèvres chaudes et généreuses viennent écraser la bouche désireuse ...

Eternité quand tu nous tient...

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                                                un thé à la mosquée, sous les figuiers.

Je voudrais parfois mourir dans cette minute charnue. Juste pour le plaisir de conserver l'instant aussi simple et pur. Comme une Juliette des temps modernes. Oui je suis une indéniable romantique, n'en déplaise à Mme de K.

J'aime le croisement de nos bouches chaudes et humides, si tu savais... Tu sais. Evidement que tu sais.

J'aime autant les instants où tu me parles en me racontant des histoires qui me font rire que ceux où tu me regardes droit dans les yeux tandis que nos corps s'emmêlent pour le meilleur et sans le pire ...

Mon corps décalcomanié par les traces de chacune de tes respirations suffoque encore. Je sais où situer chacune de tes caresses dans mon album-souvenir. Elles sont là et là aussi, bien tatouées. Tu es la sensualité faite homme, c'en est presque indécent.

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Gardons encore au fond de nous, cette image de l'échange comme on garderait dans un coin de la mémoire, des notes de piano à rejouer quand les doigts se tordent d'envie, qu'on sait toujours jouer instinctivement, en fermant les yeux, ou pas.

Te souviens-tu la toute première fois ? On tremblait de peur, d'envie, de désir, de trac, d'émotion. Chaque fois que je m'approche de toi, c'est comme une première fois,  j'ai ce même trac qui me serre le ventre. Je me demande parfois si je n'aime pas autant cette sensation que toutes celles qui suivront. Je veux encore ressentir ces émotions qui tiennent en-vie. C'est comme si on écrivait un début d'histoire à chaque fois. Moi qui dit toujours que je n'aime que les débuts d'histoires, ceux d'avant les larmes, je suis comblée. Fais moi encore des débuts d'histoires sans date d'aller, ni date retour, sans queue ni tête, tout feu, sans flamme mais jusqu'à ce que la mort nous sépare...

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                                                     "Imparfaite, libre et heureuse"

J'ai dit à mon acolyte de balade manifestante que je voulais afficher ce maillot sur mon torse, comme pour m'en convaincre et puis finalement comme une belle endormie que je suis, je n'ai même pas eu le réflexe de l'acheter ... Imparfaite, libre et heureuse, on a dit.

Roméo et Juliette avec l'ami mélomane a été comme une bouffée d'air malgré des paupières un peu lourdes d'une nuit tellement légère et aérienne. J'aime bien le regard qu'il a porté sur cette existence qui ressemble finalement pas mal à la sienne, en plus fille, et en peut être moins docile.

De ces drôles de destins où seul compte l'amour, donné, reçu et même partagé parfois, le temps d'une petite vie de fin de semaine.

 

Les rues pavées et les rouleaux de moquette en bas des trottoirs n'ont plus de secret pour moi, ni les cornets de glace à la figue ou au caramel, sans parler du brunch et d'un pain perdu tout endimanché. Les couleurs chatoyantes des danseurs, la sieste sur un banc public, les ponts de la ville, les averses rigolotes, les belles boîtes aux couleurs des costumes, son regard lointain d'amoureux devant le beau violoncelle qui trônait là au centre de la toute petite chambre, ses mots à l'accent suave et ses éclats de rire, ses mots qui font du chaud, les miens qui tentent d'apaiser un peu, nos existences mélangées le temps de quarante-huit heures riches et vives, qu'on voudrait plus souvent partager.

Encore une histoire de regards croisés comme je les aime tant.

Quand je serai grande, je serai opticienne des amoureux déchus, pour leur rendre les regards troublants qu'ils auront perdus en route. Je veux voir encore et toujours des regards comme ceux que j'ai croisés tout le week end dernier.

Tu sais quoi Oh mon Oh ? J'ai trouvé notre Le Vau du quai d'Anjou, c'était pas n'importe qui en vrai, c'est pour ça qu'il se la jouait un peu, le gars qui nous a fait nous étouffer avec son "pfffiou, même pas transcendant pour un Le Vau". On lui doit tout de même quelques petites pépites d'architecture au présumé Le Vau !

Paris je t'aime et vous aussi, hommes de ma vie !

Et Lui aussi.

14 mars 2011

Black Swann kiffe Roméo

L'autre jour je suis rentrée du ciné complètement bouleversée et anéantie par le film. Mais pour aller le voir, faut aimer la danse, franchement. Les Odette et Odile aussi. Le blanc et le noir, autant. Et puis le ballet classique, obligé. Je dis ça, parce que j'ai entendu des gens se plaindre et dire que si le ciné n'était pas si cher ils seraient partis avant la fin.

Ils ne devaient pas aimer la danse. Quel dommage !

Bon, les autres on s'en fout un peu en même temps ; Moi, sur la route du retour,  dans ma voiture, je me suis mise à battre des bras comme si j'avais des ailes, façon cygne et à chanter mal et très fort, l'air de Tchaïkovski (na na ni na naaa, na na, na na, na na na ni na naaaa ...)

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Dire que bientôt, avec mon Roméo parisien (enfin presque) je vais faire ma Juliette (Hé bé tiens, en mettant le lien je vois qu'on s'en prend pour 3 bonnes heures, chouette chouette, chouette !)

Tiens et puisqu'on est là, j'avais vu cette petite là en septembre chez l'ami Nagui, et là paf, je la croise again on the web. Vraiment elle me plait la blondinette à la voix de fumeuse.

 

 

Ha oui et puis aussi, l'énergie revient par ici, revient si bien que j'ai eu envie d'aller marcher dans la forêt. Alors dimanche, armée de mes supers oreillettes qui font le son impeccable et de mon appareil photo qui sonne parfois des messages écrits, je suis partie à l'assaut de la montagne. Dans mon sac à dos je n'ai pas manqué d'ajouter mon livre en cours, mon carnet de notes et mon stylo.

Mon erreur a été de partir confiante et sans eau.

Je me suis perdue les copains, oui, oui, perdue.

J'étais partie pour une petite balade de 30 minutes, je suis revenue lèssivée après 2 heures et environ 12 bornes !

Je ne me suis pas rendue compte sur le moment que je venais de passer 3 semaines à pas de tension, pas de sport, pas d'énergie. Hé bé, promis les jours suivants ont été monstrueux, les bras, les pecs (ha oui parce qu' à force de croiser des retraités au taquet avec leurs bâtons de walking nordic, je me suis dit que les miens seraient moins onéreux mais que moi aussi j'allais crâner un peu et avancer super vite, mais dis donc !)

Ha pour marcher vite, on marche vite avec les deux bâtons, mais alors c'est sans imaginer à quel point le corps agit par mimétisme et devient un corps en bois dés le lendemain. Tiens c'est simple, je n'osais même pas aller me coucher de peur d'avoir encore plus mal le lendemain ...

Putain d'hiver, vieillir devient vraiment trop nul !

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